Supplément d'âme
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Invités de l'émission "Vous êtes formidables" du 23 mai 2022

Pourquoi la céramique funéraire renaît de ses cendres ?

02/12/2024

Pourquoi la céramique funéraire renaît de ses cendres ?

Depuis des millénaires, la céramique a occupé une place de choix dans les rites funéraires. Matériau noble et intemporel, elle a servi à façonner des urnes, des objets rituels et des ornements funéraires. Sa durabilité et sa symbolique de pérennité ont marqué l’histoire des civilisations, des amphores antiques aux stèles décorées. Pourtant, au cours du XXᵉ siècle, la céramique a peu à peu cédé sa place à des matériaux synthétiques plus économiques, notamment le plastique.
Dans les cimetières, les fleurs en céramique, autrefois omniprésentes, ont été supplantées par des compositions artificielles en plastique. Ces dernières, moins onéreuses et perçues comme pratiques, ont également contribué à reléguer d’autres formes d’artisanat funéraire dans l’ombre comme les couronnes de fleurs en perles de verre ou les fleurs en soie.

 
Pourquoi alors la céramique, longtemps délaissée, connaît-elle un renouveau dans le monde funéraire ?

Le retour des matériaux naturels


Je garde le souvenir très fort des obsèques de mon arrière-grand père. Touché par sa mort évidement, j’étais conscient que ce que je vivais, s’imprimerait durablement dans ma mémoire. J’ai alors remarqué que les matériaux d’ameublement du salon funéraire étaient synthétiques. La mauvaise qualité de l’équipement m’est restée en mémoire comme un manque de considération. Cela tient à peu de choses, j’étais un enfant.


La céramique s’inscrit pleinement dans une tendance sociétale plus large : le rejet croissant des matériaux synthétiques, notamment dans des domaines où la symbolique est forte, comme le funéraire. Pendant des décennies, l’industrie a privilégié des matériaux tels que le plastique, pour des raisons économique et la facilité à produire en masse. Cependant, ces choix ont souvent été faits au détriment de la durabilité, de l’esthétique et de l’impact environnemental.


Aujourd’hui, de nombreuses personnes se détournent des objets en plastique, notamment les urnes et les fleurs artificielles, pour privilégier des alternatives naturelles et plus respectueuses de l’environnement. Ce basculement s’inscrit dans une prise de conscience écologique : le plastique laisse une empreinte durable dans les sols, y compris dans les cimetières. À l’inverse, la céramique, composée principalement d’argile et de minéraux naturels, offre une solution durable et respectueuse des écosystèmes.
Cette tendance se reflète également dans les décorations funéraires. Les fleurs en plastique, autrefois omniprésentes, disparaissent progressivement des cimetières au profit de véritables compositions florales ou de fleurs en céramique, qui associent beauté intemporelle et savoir-faire artisanal. Ce retour des matériaux naturels témoigne d’une volonté de réintroduire une certaine poésie et une réflexion plus profonde dans l’hommage rendu aux défunts.
La céramique, en tant que matériau, n’est pas seulement appréciée pour son impact environnemental réduit. Elle incarne aussi une forme de permanence et d’humanité. À l’heure où beaucoup cherchent à revenir à des pratiques plus simples et à renouer avec des valeurs authentiques, elle répond à cette aspiration en offrant des objets empreints de sens, durables et enracinés dans l’histoire des rites funéraires.

Ainsi, le retour de la céramique funéraire s’inscrit dans un mouvement global de redécouverte des matériaux naturels, à la fois pour leur qualité intrinsèque et pour les valeurs qu’ils véhiculent.

 

 

La céramique, ce truc de vieux


Lorsque j’étais étudiant en école d’art, la céramique était très mal considérée. Un truc de vieux aux couleurs brunâtres, aux formes moles et imparfaites. Influencés par le design épuré, les étudiants que nous étions cherchaient du côté des matériaux de synthèse en espérant des lissés impeccables.

Mais la céramique illustre parfaitement un phénomène bien connu : le retour des modes
Portée par un regain d’intérêt pour les savoir-faire ancestraux et l’artisanat. Ce cycle n’est pas anodin : il témoigne d’un besoin de renouer avec des pratiques authentiques et chargées d’histoire.
Or, la céramique a toujours occupé une place particulière dans les rites funéraires à travers les âges. Qu’il s’agisse des urnes funéraires de la Grèce ou de la Chine antiques ou des stèles décorées, ce matériau malléable, durci par le feu jouait un rôle central dans la sauvegarde de la mémoire.
C’est d’ailleurs un élément de réflexion central dans notre activité, que restera t-il de nous dans un futur lointain ? Nos support d’information étant éphémères, fragiles, déportés, pourra-t-on compter sur les data center ? La céramique parce qu’elle est durable permet d’enregistrer de l’information perenne
Ce renouveau est aussi le fruit d’une volonté de réinterpréter les objets funéraires. Les artisans et designers d’aujourd’hui proposent des collections modernes, élégantes et personnalisables, loin des standards uniformes des décennies passées. Ces créations montrent que la céramique peut s’adapter à notre époque.
Ce retour est bien plus qu’une tendance : c’est la prolongation d’une pratique ancestrale.

 

 

Un peu d’oxygène

 

La céramique funéraire connaît un nouvel élan grâce à l’émergence de collections contemporaines qui viennent rafraîchir le domaine. Les artisans, designers et industriels collaborent pour réinventer des objets chargés de symbolisme, en répondant aux attentes d’une société en quête de personnalisation et de subtilité. Cette évolution permet de s’affranchir des modèles classiques, souvent standardisés, au profit de créations uniques et raffinées.


Sinaling s’inscrit pleinement dans ce mouvement en travaillant avec des industriels reconnus pour repousser les limites du design et de la conception en céramique. Ces collaborations permettent de revisiter les codes traditionnels tout en exploitant les atouts de la production contemporaine. L’objectif est d’offrir des urnes qui reflètent non seulement la mémoire du défunt mais aussi les aspirations des familles : élégance, singularité et respect des valeurs écologiques.


Cette évolution est essentielle, car les attentes du public changent. Les familles ne souhaitent plus seulement un objet fonctionnel, mais un objet chargé de sens, qui témoigne de la personnalité du défunt et de l’émotion qu’il inspire. Si les magasins de pompes funèbres commencent à répondre à cette demande, il reste encore beaucoup à faire pour proposer des gammes modernes et inspirantes. Sinaling se positionne ainsi comme un acteur clé de cette transformation.

 

 


Le retour de la céramique dans le funéraire reflète donc une évolution des mentalités : un attachement à la durabilité, à l’artisanat et au respect des cycles naturels. Cette renaissance n’est pas qu’une simple tendance, mais une réponse aux aspirations profondes d’une société en quête de sens et d’authenticité.

Articles de presse

Shuling Liu et Matéo Clausse à la Biennale Homo Faber – Venise 2024

Conférence au Musée Le Patiau - Céramique politique.

Dans le cadre de la fête des Lises à Saint-Jean-la-Poterie, nous avons été invités à raconter la genèse de notre pièce Dabai Xiexie ni.

L'ensemble de la conférence n'a pas été enregistrée par la captation audio.

En introduction nous avons retracé notre parcours d'artistes qui nous a amenés à faire de la porcelaine et à nous orienter vers le domaine funéraire.

Voici donc la suite :

Les images ci-dessous sont celles dont nous parlons durant la conférence. Pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons pas les diffuser toutes. Merci pour votre compréhension.

En tant que professionnels du funéraire, de nombreuses questions nous sont posées.

Elles sont légitimes mais la retenue que l'on a face à la mort les empêchent bien souvent d'être formulées.

 

Si vous vous interrogez également, n'hésitez pas à nous envoyer vos questions :

 

 

 

Nous partageons également les curiosités et les belles initiatives que nous rencontrons.

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